Les relations commerciales difficiles entre la Chine et les USA pourraient impacter sur les casinos de MacaoSi l’on a beaucoup entendu parler de ses impacts sur le secteur de la télécommunication ou sur les importations et exportations, il y a également un secteur qui pourrait être lourdement impacté par les effets de l’actuelle guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis : celui des casinos de Macao.

Repassée sous tutelle chinoise depuis 1999, la petite région autonome devenue la Nouvelle Mecque des casinos pourrait voir, au cours des prochains mois, son principal secteur d’activités, profondément impacté.

Des représailles en vue ?

Après l’épisode Huawei qui fait encore couler beaucoup d’encre, de nombreux observateurs s’attendent à une réponse de Pékin qui pourrait toucher directement l’industrie des jeux de casino de Macao. En 2002, quand la Chine a mis fin au monopole de Stanley Ho sur le secteur, elle a offert par la même occasion, l’opportunité à plusieurs grands groupes américains, la possibilité de s’installer. Quelques années plus tard, Macao devenait le nouvel eldorado des joueurs, mais aussi celui des opérateurs. Mais aujourd’hui, ces derniers, notamment ceux originaires du pays de l’Oncle SAM craignent de devoir face à certaines grosses difficultés.

Parmi eux, il y a notamment Sheldon Adelson, le Président du groupe Las Vegas Sands et propriétaire de plusieurs des plus importants casinos de Macao, tels que le Sands Macao, The Venetian Macao ou encore le Parisian Macao. Figure majeure de la réussite fulgurante de la cité, le magnat américain est également l’un des soutiens majeurs de Donald Trump. Steve Wynn est un autre casinotier macanéen qui pourrait se retrouver dans une situation délicate à cause de cette guerre commerciale. Ex-président des finances du Comité national républicain jusqu’à peu, ses étroites relations avec l’actuel numéro 1 américain pourraient en effet coûter cher à son groupe, Wynn Resorts.

Jeux d’influence

Depuis leur installation sur le marché macanéen des jeux d’argent, les patrons des groupes Las Vegas Sands, MGM Resorts et Wynn Resorts ont multiplié les gestes commerciaux et les faveurs en direction du gouvernement de Pékin. Il y a quelques années, Sheldon Adelson avait ainsi usé de toute son influence afin d’empêcher qu’un élu du Congrès Américain ne vote contre l’attribution des Jeux Olympiques de 2008.

Un peu dans le même registre, Steve Wynn était récemment intervenu personnellement pour exiger l’extradition du businessman Guo Wengui réclamée par Pékin. Mais difficile de savoir, dans la situation actuelle, si ces tractations pèseront dans la balance au cours des prochains mois. En effet, d’ici 2022, les groupes casinotiers américains devront demander le renouvellement de leur licence d’exploitation auprès du gouvernement chinois. Et c’est peut-être là que les choses risquent d’être compliquées.

Sur la touche ?

Actuellement, les trois groupes casinotiers américains représentent près de 25% des parts de marché du secteur et collectent ensemble, près de 50% des revenus générés par le secteur des jeux d’argent de Macao. Le Las Vegas Sands qui a le plus investi dans la cité macanéenne en tire des bénéfices conséquents représentant près de 60% des revenus et profits d’exploitation globaux du groupe. Le groupe Wynn Resorts serait, pour sa part, encore plus dépendant des revenus générés par ses possessions en terre chinoise.

S’il est encore difficile de savoir ce que Pékin réserve à ces opérateurs, certains observateurs avertis prédisent que le gouvernement chinois pourrait envisager une révision des contrats de concession et limiter le rôle des opérateurs à celui de gestionnaires plutôt que de propriétaires des établissements. Une formule qui ferait alors sûrement grincer beaucoup de dents…