Faux high rollers chinois: une des faces cachées de la reprise de casinos de Las Vegas ?

Casinos de Las Vegas du groupe Sands victime d'arnaquesAlors que les chiffres des derniers mois révèlent une certaine amélioration de la santé globale du secteur des casinos de Las Vegas, une récente affaire de dettes impliquant le Las Vegas Sands met au jour un réseau peu vertueux qui pourrait remettre en cause la légitimité de la  croissance retrouvée de la Mecque des casinos.

L’affaire des casinos de Las Vegas

L’année dernière, Xiufei Yang (59 ans) et Meie Sun (52 ans), deux chinoises habituées du Las Vegas Sands perdent en quelques jours la bagatelle de 5,7 millions d’euros. Une mauvaise série comme on en voit parfois dans les grands casinos de cette envergure. Mais ce cas est assez particulier : les joueuses ne possèdent pas le montant qu’elles ont perdu, elles jouent à crédit. Un crédit que la maison leur a fait volontiers avec la prétention de pouvoir rentrer dans ses fonds dans un délai donné. Seulement voilà ! Xiufei et Meie ne sont visiblement pas en mesure de rembourser cette dette mirobolante et font donc face à des poursuites judiciaires. Mais la ligne de défense des avocats des deux prévenues va donner à ce procès, une dimension imprévue.

Pas des VIP, juste des gouvernantes…

En réponse au Las Vegas Sands qui a engagé des poursuites judiciaires contre ses deux débitrices insolvables, les avocats de ces dernières ont opposé un argument de taille : leurs clientes n’en ont pas et n’en ont d’ailleurs jamais eu les moyens. Pourquoi ? Tout simplement car elles ne sont en rien des « high-rollers » (gros parieurs) et ne peuvent donc être traitées au même titre. En fait, les deux femmes chinoises étaient de simples gouvernantes. Et c’est là que cette affaire prend un tout autre sens. En effet, malgré leurs revenus très modestes, les deux joueuses ont obtenu des faveurs du casino, ainsi que le traitement accordé aux VIP, avec une ligne de crédit leur permettant de miser quasiment à volonté sur les tables du prestigieux établissement. Selon les propos des représentants des défenderesses, il s’agirait d’une nouvelle pratique assez douteuse consistant à « recruter » des joueurs chinois factices aux tables de baccarat du casino afin d’inciter les « vrais » potentiels gros parieurs chinois à miser gros sur ces mêmes tables.

Un réseau bien organisé selon la défense

Pour les avocats de Xiufei Yang et Meie Sun, leurs clientes ne seraient donc que les victimes, et les parties prenantes dans une moindre mesure, d’un vaste réseau impliquant les chargés de clientèle et les hôtesses des casinos Venetian et Palazzo. Ces derniers offriraient à leurs « recrues », des joueurs choisis spécialement pour attirer les gros parieurs chinois, la possibilité de s’endetter lourdement. Le Sands qui est propriétaire du Parisian Macao, a bien évidemment réfuté toutes ces accusations, affirmant qu’elles ne sont pas fondées. Mais sur le terrain, tout porte à croire que les joueurs chinois ont pris une trop grande importance pour la santé financière des casinos de Vegas.

Les chiffres du baccarat, la fausse embellie ?

Il suffit de faire un tour dans les belles salles VIP du Strip pour se rendre compte à quel point il est devenu important pour les casinos de Vegas d’attirer de gros parieurs chinois à leurs tables. Très friands de baccarat, ces derniers sont devenus les visiteurs les plus actifs de ces dernières années, prêt à dépenser des sommes faramineuses sur les tables de ce jeu, pour peu que l’ambiance y soit propice. Nombre d’établissements se drapent ainsi volontiers aux couleurs de Macao, la grande rivale  asiatique. Dans les chiffres, cela semble porter ses fruits, puisqu’au cours des derniers mois, c’est le baccarat qui a porté la relative stabilisation des recettes du secteur.

Mais aujourd’hui, tout cela semble quelque peu remis en cause, car vraisemblablement, les importantes recettes réalisées sont en grande partie basés sur des crédits octroyés par les casinos eux-mêmes aux joueurs chinois. Une situation qui rappelle assez le scandale qui avait précédé la chute progressive de Macao, et qui sera d’autant plus complexe à gérer car en Chine, les dettes de jeu ne sont pas reconnues par les tribunaux chinois. Le recouvrement s’annonce donc comme une tâche bien ardue pour les casinos de Las Vegas.