Université Concordia de MontréalProfesseure titulaire au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia à Montréal, Sylvia Kairouz est spécialisée dans les déterminants sociaux des comportements de consommation et d’abus d’alcool et de jeu.

Il y a peu, elle a publié une intéressante étude. A travers celle-ci, on peut découvrir que la part des femmes qui jouent en ligne a augmenté au Québec depuis la pandémie internationale de coronavirus Covid-19.

Les principaux enseignements de l’étude de Sylvia Kairouz

Pour mener à bien l’étude qui nous intéresse à travers la news de ce jour, Sylvia Kairouz a interrogé 4 500 personnes dans la province canadienne du Québec, au cours de l’année 2021.

Cela lui a permis de découvrir entre autres que les femmes se sont tournées vers les jeux à un rythme plus soutenu qu’avant la crise sanitaire mondiale. En effet, beaucoup d’entre elles ont commencé à jouer en ligne, à cette occasion.

Le nombre de joueurs reste quand même encore supérieur au Québec par rapport à celui des joueuses. Néanmoins, cette tendance se révèle moins notable qu’auparavant.

Grâce à l’étude de Sylvia Kairouz, on a appris qu’elles préfèrent les machines à sous, les cartes à gratter et les loteries. Au contraire, les hommes apprécient plutôt les jeux de table et le poker.

Si les femmes jouent, c’est principalement dans le but de s’évader de la réalité. De leur côté, les hommes sont plutôt à la recherche de sensations fortes.

On apprend également que les joueuses ont plutôt l’habitude de privilégier des mises plus faibles que les joueurs.

Les inquiétudes de Sylvia Kairouz corroborées par une autre étude récente

Depuis la pandémie de Covid-19, les femmes sont donc de plus en plus nombreuses à se tourner vers les jeux. Pourtant, Sylvia Kairouz note qu’elles ont encore tendance à être sous-représentées dans les études. En conséquence, beaucoup d’entre elles présentent une vision un peu déformée de la réalité.

D’ailleurs, cela pousse la chercheuse à craindre que les joueuses reçoivent moins l’aide adéquate quand elles souffrent de problèmes ou d’addiction. C’est la raison pour laquelle elle souhaite lancer une nouvelle étude avec des questionnaires qui se dérouleront entre les mois d’avril et de septembre prochains.

Au passage, il faut noter qu’une autre étude récente corrobore les inquiétudes formulées par Sylvia Kairouz. Elle a été menée par la directrice exécutive de la Maison Jean Lapointe (Elizabeth Lapointe) qui est un centre de traitement et de prévention des addictions.

Dans cette publication, elle affirme qu’à peu près 304 000 personnes au Canada risquent en ce moment de développer une addiction au jeu. Même s’il y a environ 2 hommes pour 1 femme, il est important d’arrêter de penser qu’il n’y a que les hommes qui souffrent de jeux compulsifs.

Le plus inquiétant dans l’étude d’Elizabeth Lapointe est que les joueuses semblent moins susceptibles de demander de l’aide quand elles souffrent de jeu problématique.

En effet, elles éprouvent davantage un sentiment de culpabilité et de honte. Or, on avait jusqu’ici plutôt l’habitude de croire que les hommes se montraient plus discrets au sujet de leurs problèmes de jeu.