Le Resort World Sentosa a gagné son procès contre un joueur High RollersLe Resort World Sentosa a obtenu gain de cause dans une affaire l’opposant à l’un de ses joueurs VIP qui refusait de s’acquitter du solde d’une dette de jeu d’un peu plus de 5,9 millions de dollars singapouriens.

Après avoir difficilement remboursé une partie des 10 millions SG$ contractés auprès de l’établissement en août 2010, l’homme, un entrepreneur malaisien de 67 ans aujourd’hui, avait en effet remis en cause la légalité de la dette.

Les faits

Le 20 août 2010, Lee Fook Kheun, administrateur et actionnaire dans diverses entreprises de construction, se rend au Resort World Sentosa.

Quelques semaines plus tôt, il s’était déjà rendu dans cet immense complexe casinotier bâti sur l’île de Sentosa, avec pour intention de négocier l’installation d’un restaurant de fruits de mer. Mais ce soir-là, il n’y est pas pour affaires, mais plutôt pour jouer. Amateur de jeux de table, l’entrepreneur malaisien n’a en effet pas tardé à rentrer dans la catégorie des joueurs privilégiés de l’établissement. Ce soir-là, assis dans le coin VIP du casino, il perd beaucoup d’argent, mais ne s’arrête pas de jouer.

Il profite alors de ses privilèges et obtient le déblocage d’un crédit de 5 millions SG$ auprès du casino. Les choses ne se passent vraisemblablement pas comme prévues, puisque le soir du 22 août 2010, il revient à la charge et obtient un nouveau crédit du même montant.

Espérant sûrement « se refaire », il grille la somme sur les tables du RWS. Le voilà donc endetté de 10 millions de dollars singapouriens (environ 6,4 millions d’euros) vis-à-vis de l’établissement.

Une demande d’annulation de dette

Afin de recouvrer son dû, le Resort World Sentosa entre alors en contact avec Mr Lee Fook Kheun qui ne semble pas vraiment disposé à rembourser. Après plusieurs tentatives restées vaines, l’établissement change de ton, menaçant de rendre publique l’affaire.

En janvier 2015, soit près de 5 ans après les faits, Lee signe finalement un engagement de remboursement afin d’éviter un scandale qui porterait un coup à sa réputation. Entre cette date et le mois d’août de la même année, il s’acquitte alors de plusieurs des échéances convenues, pour un cumul de plus de 4 millions de dollars singapouriens à la date du 21 août 2015.

Puis, plus rien ! L’entrepreneur malaisien arrête les remboursements, alors qu’il doit encore plus de 5,930 millions SG$ à l’établissement de jeu.

Mieux, Lee se rebiffe et remet en cause la légalité de la totalité de la dette qui lui est réclamée. Pour se défendre, il déclare qu’il était ivre au moment de la signature de sa demande de crédit auprès du casino.

Arguant ainsi ne pas être en pleine possession de ses facultés au moment des faits, et donc incapable de mesurer la portée de l’engagement, il en demande une annulation pure et simple. Soutenu par deux avocats, il porte l’affaire devant les tribunaux de Singapour.

Incohérences et manque de crédibilité

Valerie Thean, juge à la Haute Cour de Singapour en charge de l’affaire, n’a pas longtemps tergiversé avant de rendre son jugement en faveur du Resort World Sentosa. En effet pour le magistrat, qui s’est rangé du côté des avocats du groupe casinotier, les arguments avancés par Lee pour essayer de faire annuler sa dette colossale ne sont pas recevables.

Se basant sur le fait que l’homme avait reconnu, plusieurs années après les faits, sa dette et qu’il avait d’ailleurs déjà commencé à l’honorer, elle a estimé que Mr Lee ne faisait pas montre de crédibilité. De plus, la juge a affirmé n’avoir pas pu déceler, dans le récit du demandeur, de preuves réelles de son ivresse poussée au moment de débloquer le crédit dans le casino.

Estimant que le casino n’a aucunement violé les prescriptions de contrôle de solvabilité et les autres procédures en la matière, la Haute Cour singapourienne a enjoint l’entrepreneur malaisien au payement du solde de 5,9 millions de SG$ au Resort World Sentosa.