Paris Elysées ClubA partir de l’année 2007, une série d’affaires de blanchiment en bande organisée et d’extorsions de fonds a entraîné la fermeture de 14 des 15 cercles de jeux parisiens. C’est la raison pour laquelle les autorités françaises ont décidé de remplacer ces salles fonctionnant sous le statut d’association loi de 1901 en clubs de jeux sur le modèle anglais. Reposant sur un statut de sociétés commerciales, ils doivent se révéler plus structurés et contrôlés.

Ainsi, le 26 avril 2018, le tout premier établissement du genre a ouvert ses portes dans la capitale. Il s’agit du Paris Elysées Club géré par le Groupe Tranchant, un célèbre casinotier français. Près de deux ans et demi après son inauguration, il est déjà au centre d’une sombre affaire de blanchiment en bande organisée. En effet, au cours du mois de septembre dernier, quatre consultants d’une société de prestation de services en relations publiques sous contrat avec la salle de jeux ont été mis en examen pour exercice illégal de la profession de banquier et abus de bien social.

Des prêts jusqu’à 10% d’intérêt pour les amateurs de Punto Banco d’origine chinoise

Le quatuor de personnes arrêté par la police est présenté comme des apporteurs qui proposent des prêts à taux d’intérêt usuraire pouvant aller jusqu’à 10% aux joueurs du Paris Elysées Club. En général, ce sont les amateurs du Punto Banco issus de la communauté chinoise qui étaient principalement approchés.

A la tête de ce système frauduleux, on trouverait une certaine Tiny L. originaire du Laos. Agée d’une cinquantaine d’années, elle était déjà connue par la police pour ce genre de pratique à l’époque où les cercles de jeux existaient encore. En plus de jouer les banquières, elle s’occupait également d’appâter et de fidéliser les gros joueurs. Dans la plupart des cas, il s’agissait de restaurateurs ou de chefs d’entreprise chinois de la banlieue nord de Paris.

Outre cette Tiny L. et deux de ses complices directs, une quatrième personne a été mise en examen. Il s’agit d’un certain Cherif A. agé d’une quarantaine d’années. Dirigeant la société de prestation sous contrat avec le club de jeux, il n’est pas connu des services de police. Néanmoins, il s’agit de l’ancien beau-frère de Marcel Francisci à qui appartenait l’Aviation Club de France, l’un des cercles de jeux fermés après une série d’affaires de blanchiment d’argent et de fraude fiscale.

Le groupe Tranchant nie toute responsabilité dans cette affaire

Pour l’instant, les enquêteurs du Service Central des Courses et Jeux (SCCJ) n’ont mis en cause aucun employé du Paris Elysée Club. Les transactions clandestines s’effectuaient aux toilettes, dans la plus grande discrétion.

D’ailleurs, la direction de l’établissement rejette en bloc toute participation à ces pratiques peu scrupuleuses. Elle rappelle que la société de prestation était extérieure au groupe Tranchant et qu’elle n’effectuait pour lui qu’une mission de relations publiques. Celle-ci ne concernait d’ailleurs pas seulement la communauté chinoise mais portait sur tout type de joueurs.

A l’heure actuelle, le Groupe Tranchant a rompu le contrat avec cette entreprise mais n’a pas encore porté plainte. Il préfère pour le moment laisser la justice faire son travail.