Légalisation des casinos au Japon: addiction et opportunités économiquesLe 14 décembre dernier, le Parlement japonais a approuvé la loi autorisant l’implantation d’établissements de casinos sur le territoire de l’archipel. Avec cette loi qui est entrée en vigueur dès le 26 décembre 2016, la 3ème économie mondiale ouvre ainsi, aux investisseurs étrangers, un marché à fort potentiel. Mais cette mesure ne fait pas forcément l’unanimité. En effet, de nombreuses voix s’élèvent déjà dans le pays. Elles dénoncent les risques de dérives liées à la criminalité sous différentes formes et à l’addiction au jeu. Avis Casino s’est penché sur la légalisation des casinos au Japon et ce que ça va engendrer.

Légalisation des casinos au Japon: Une victoire pour les libéraux

Pour le premier ministre japonais Shinzo Abe, le vote de cette loi est une victoire majeure qui intervient tout de même après plusieurs tentatives infructueuses. Désirant emboiter très tôt le pas à Macao et Singapour qui ont vu naître de nombreux complexes casinotiers sur leur sol au cours des dernières années, le premier ministre libéral avait en effet dû faire face à une ferme opposition de ses détracteurs. Mais les différents réquisitoires dressés par ces derniers n’ont pas suffi, cette fois-ci,  à empêcher le vote de la loi. Aidé par l’imminence des Jeux Olympiques de 2020 que doit accueillir Tokyo, Abe a su convaincre et rallier la majorité à sa cause. Le développement de l’offre touristique locale et les milliards qu’une telle industrie pourrait générer dès les premières années ont donc eu raison des résistances diverses.

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Du pain béni pour les investisseurs internationaux

Chez les grands groupes internationaux de casino, on se frotte les mains de cette nouvelle qui, il faut le dire, était attendue depuis plusieurs années. En effet, plusieurs magnats de cette industrie avaient déjà clairement manifesté tout leur intérêt et leur désir de s’implanter au Japon afin de développer une industrie dont le potentiel à court terme est évalué à plusieurs milliards de dollars.

Parmi ceux qui affichent le plus clairement leur désir de s’implanter au Japon, il y a Sheldon Adelson, le milliardaire américain, Président du Groupe Las Vegas Sands, dont les établissements sont déjà implantés à Macao et Singapour. Soutien affirmé du nouveau Président américain Donald Trump, lui-même magnat des casinos, Adelson a effectué plusieurs visites sur l’archipel nippon au cours des dernières années. Et à chacune d’elles, il n’a pas manqué de notifier son désir d’étendre ses tentacules au pays des samouraïs. Mieux, en 2014, le milliardaire américain affirmait déjà être prêt à investir la bagatelle de 10 milliards de dollars dès pour l’implantation de ses casinos japonais dès que le pays serait prêt à ouvrir son marché. C’est désormais chose faite !

Addiction au jeu et croissance de la criminalité, des craintes légitimes

En 2014, une étude menée par le Ministère japonais de la Santé de l’époque révélait qu’environ 5% des adultes japonais développaient une forte dépendance aux jeux d’argent et à Internet. Le rapport mettait alors notamment en cause les Pachinslots et Pachinkos, sortes de machines à sous à la japonaise présentes, encore illégalement jusque-là, dans les rues de nombreuses villes du pays. A cela, il faut ajouter le fort intérêt pour les japonais de tous âges et de toutes tranches sociales, pour les jeux d’arcade et les jeux vidéo qui sont culturellement ancrés dans les habitudes nippones. Le détournement de cette très large clientèle vers les futurs casinos à naître est donc une source majeure d’inquiétude pour les détracteurs de la légalisation des casinos au Japon.

Les opposants à l’installation d’établissements de casino sur le territoire japonais évoquent par ailleurs les risques liés à un regain de la criminalité locale. Dans un pays où la pègre locale est toujours très redoutée, beaucoup craignent en effet que les règlements de compte et le blanchiment d’argent trouvent en l’arrivée de groupes brassant quotidiennement des millions de yens, un terreau favorable.

Face aux arguments des uns et des autres, les représentants du peuple devront trouver la formule adéquate pour que le pays et ses citoyens profitent effectivement des différentes retombées de cette nouvelle manne. Car, si la loi autorisant l’activité des casinos au Japon a déjà été approuvée, reste encore à trouver un réel consensus en ce qui concerne les différents termes régissant en détail l’activité. Pour cela, il faudra sûrement attendre encore quelques mois, et encore sûrement quelques années de plus avant l’ouverture du premier complexe casinotier japonais.